L'oeuvre de Jean Racine
Conduit en 1651 vers les Petites-Écoles de Port-Royal, le jeune Jean reçoit auprès des « Solitaires » une éducation littéraire et religieuse de qualité. Il fréquente ensuite le Collège de la ville de Beauvais, puis le Collège d’Harcourt à Paris (actuel Lycée Louis le Grand).
Après un séjour chez son oncle Sconin, chanoine à Uzès, il vient à Paris retrouver ses amis La Fontaine, Molière, Boileau, et se lance avec fougue dans une carrière littéraire.
Le tragédien et homme de théâtre
Quelques poèmes de circonstance ainsi que deux premières tragédies (La Thébaïde ou les Frères ennemis ; Alexandre le Grand) le font connaître dans la capitale et auprès du jeune roi Louis XIV. C’est en 1667 que son génie littéraire explose, avec Andromaque, puis la création, en dix ans, de ses tragédies majeures. Sa seule comédie, les Plaideurs (1668) reste sans suite.
Son inspiration antique, ses héroïnes passionnées, la perfection de ses alexandrins rompent avec l’héroïsme baroque de Corneille et divisent le public. Racine devient rapidement l’auteur de référence au Théâtre-Français.
Au sommet de la gloire littéraire
Le succès populaire, les querelles et les cabales de ses rivaux, la bienveillance du roi et de certains seigneurs de la Cour déclenchent alors une ascension fulgurante de l’auteur, qui se voit élu à l’Académie française en 1672 (il a 33 ans), puis anobli. En 1677, il épouse Catherine de Romanet (qui lui donnera sept enfants), tandis que sa gloire grandit à Versailles, où Louis XIV le nomme, avec Boileau, historiographe du roi, puis gentilhomme de la Chambre.
Tenu d’accompagner le souverain dans ses campagnes, il se doit de se consacrer entièrement à sa nouvelle charge et abandonne le théâtre. Il y revient plus tard, à la demande de Madame de Maintenon (épouse morganatique du roi), pour composer deux « tragédies sacrées » destinées aux Demoiselles de Saint-Cyr, qui vont couronner sa carrière littéraire : Esther et Athalie.
À la fin de sa vie, il se rapproche de Port-Royal. Il meurt le 21 avril 1699 à 59 ans. D’abord inhumé, à sa demande, dans le cimetière de la communauté de Port-Royal des Champs, il doit en être retiré lors de la destruction de l’abbaye (1711) et transféré à l’église parisienne Saint-Étienne-du-Mont, auprès des restes de Blaise Pascal.
Les œuvres
La liste ci-dessous n’est pas exhaustive. Le lecteur intéressé se référera à la bibliographie pour trouver dans les ouvrages généraux l’œuvre exhaustive de Racine.
Principales poésies
- Le Paysage ou les Promenades de Port-Royal des Champs
- Chanson contre Fontenelle
- Portrait d’Antoine Arnauld
- Stance à la louange de la Charité
1660 : La Nymphe de la Seine à la Reyne
1662 : Stances à Parthénice
1663 : Ode sur la convalescence du Roy
1663 : La Renommée aux Muses
1685 : Idylle sur la paix
1688 : Hymnes traduites du Bréviaire romain
1689 : Poème héroïque au Roy
1694 : Cantiques spirituels
Théâtre
1664 – La Thébaïde ou les Frères ennemis, tragédie
1665 – Alexandre le Grand, tragédie
1667 – Andromaque tragédie
1668 – les Plaideurs, comédie
1669 – Britannicus, tragédie
1670 – Bérénice, tragédie
1672 – Bajazet, tragédie
1673 – Mithridate, tragédie
1674 – Iphigénie, tragédie
1677 – Phèdre, tragédie
1689 – Esther, tragédie sacrée
1691 – Athalie, tragédie sacrée
Travaux historiques
Le vaste travail historique auquel il consacre la majeure partie de ses vingt dernières années, en tant qu’historiographe de Louis XIV, a presque entièrement disparu dans l’incendie de la maison de son successeur, Valincour.
Il subsiste quelques traces de ce travail dans :
- Précis historique des campagnes de Louis XIV depuis 1672 jusqu’en 1678 ;
- Relation sur ce qui s’est passé au siège de Namur (1692) dont l’attribution est contestée.
Traductions
- Le Banquet de Platon, (entre 1678 et 1686)
- Vie de Diogène le Cynique, par Diogène Laërce
- Textes d'Eusèbe de Césarée
- Fragments de La Poétique d'Aristote
Discours
1678 : Discours prononcé à l’Académie française à la réception de M. l’abbé Colbert
1685 : Réponse de M. Racine aux discours de MM. Thomas Corneille et Bergeret
Correspondance
La correspondance de Racine est forte d’environ deux cents lettres, ce qui est peu au regard du grand épistolier qu’il était. Lettres à sa famille, à ses amis, elles sont publiées parfois de façon thématique :
- Lettres d’Uzès (16661 et 1662)
- Correspondance entre Racine et La Fontaine
- Correspondance entre Racine et Boileau
- Lettres de Racine à son fils
L’édition présentée, établie et annotée par Jean Lesaulnier est l’édition de référence en la matière (voir bibliographie).
Divers
1666 : Lettre à l’auteur des « Hérésies imaginaires »
1697 : Abrégé de l’Histoire de Port-Royal (publié à titre posthume en 1742-1767)
De la Sagesse immortelle
La voix tonne et nous instruit :
‘Enfants des hommes, dit-elle,
De vos soins quel est le fruit ?
Par quelle erreur, âmes vaines,
Du plus pur sang de vos veines,
Achetez-vous si souvent,
Non un pain qui vous repaisse,
Mais une ombre qui vous laisse
Plus affamés que d’avant ?
(Cantiques spirituels)
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Phèdre
Ariane, ma sœur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !
*
Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur.
*
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue…
*
Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée,
C’est Vénus tout entière à sa proie attachée.
Athalie
C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit.
*
La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ?